Salut,
Petit compte-rendu, fait à la lumière du jour, de mon premier trail nocturne des Sapeurs Pompiers d'Epinal, ce week-end...
Je vous résume... Histoire de récupérer une couette, gagnée à un tirage au sort, à St Maurice sur Moselle, l'occasion était rêvée pourmoi, de participer, en dernière minute, au premier "saptrail" d'Epinal, ce samedi 5 mai.
Il s'agissait en fait d'un trail de 18 km (il y avait aussi un 36 !) commencé de nuit... et terminé à la frontale ! "Mais vous aurez la pleine lune, ne vous en faites pas..." nous avaient dit les organisateurs... Mais bien sûr !
C'est ainsi que nous vîmes 236, dans le sas de départ (une centaine, il parait, pour le 36...), le sac à dos vérifié (téléphone ou sifflet, ravitaillement personnel liquide et solide, brassards réfléchissants, frontale...), tous prêts à en découdre avec ce que nous avait concocté les Sapeurs Pompiers d'Epinal pour ce premier trail du genre... "Ah oui... Vous aurez aussi 2 surprises, sur le parcours : au niveau du 7e et 14e km..." nous avaient cependant prévenus ceux-ci, juste après la minute de silence pour la pompière décédée la veille, et les recommandations usuelles d'usage...
Et le signal du départ fut donné à 20h30.
Après quelques hectomètres sur macadam, histoire de rejoindre la forêt d'Epinal, nous sommes très vite arrivés à pied d'œuvre dans la forêt vosgienne...
Très vite, la traversée de pessières (forêts d'épicéas, alternées avec des forêts de hêtres) nous a contraint à allumer nos frontales, pour plus de confort, d'abord... plus vite qu'annoncé (on nous avait dit vers 21 h...) !
Faut que je vous dise tout de suite quelque chose : si j'étais parti pour faire un petit reportage-photo de cette course, j'ai très vite compris que ça ne servait à rien de m'énerver avec mon appareil, à essayer de donner quelques aperçus de cette course bien particulière pour moi... En effet, la pluie s'étant très vite invitée, elle aussi, à la fête, ainsi qu'une obscurité de circonstance (attendue, elle), il fut aisé de comprendre que les photos seraient compliquées à faire, mais surtout, compliquée à rendre, l'atmosphère de la course... Et c'était, finalement, aussi bien... en tout cas pour moi ! Aussi, laissez-vous guider : je serais vos yeux et vos oreilles...
Imaginez un parcours dans les bois, réduit au simple rayon de votre frontale (5 à 10 m, maxi), à essayer de deviner (à temps !) les pièges de ceux-ci... Quand vous aviez la chance d'avoir quelques concurrents devant vous (j'ai très vite compris qu'il flottait, ici aussi, comme un air de compétition, quand même...), ça allait bien, et c'était, on va dire, même assez "confortable" à courir, avec cette ribambelle de lucioles réfléchissantes devant soi, mais si pressées...
Mais quand vous deviez faire vous-même la trace, au vu des "ruban-balise" (qui venaient subitement, à l'improviste, vous lécher le visage, tels des spectres blanchâtre humides...) et autres auto-collants oranges réfléchissants, c'était autre chose ! Parfois, dans ces moments d'extrême solitude, j'avais presque envie d'éteindre ma frontale, quitter le sentier... et m'enfoncer dans le "grand noir" de la forêt, qui m'appelait ! Enfin, presque...
Car il y avait vraiment moyen de se perdre complètement, même en n'éteignant pas sa petite lumière de survie (que c'est sombre (et beau !), une forêt, la nuit... moi qui ne les fréquente que le jour ! Je me suis quand même "égaré" 2 fois...) ! Si, si. Bon, j'avais bien repéré sur le plan, qu'il y avait 10 montées (et donc, 10 descentes aussi !), mais très rapidement, absorbé par l'épreuve nouvelle qui se présentait à moi, et la concentration de trouver ses appuis et des repères nouveaux, j'ai vite été dépassé... et perdu dans mon effort ! Mais j'étais tellement bien, en pleine osmose, en équilibre, dans ce décor inhabituel et si particulier...
Et les surprises promises sont finalement arrivées (je les avais presque oubliées, elles aussi !) ! Pour commencer, un petit parcours-commando sous des portiques-haies perdus en forêt, au milieu d'une "foule" hystérique (où étions-nous donc ?), puis, une remontée d'un petit torrent, histoire de se rafraichir un peu les voûtes plantaires surchauffées...
Alternant montées, descentes... et plats (bon, il y en avait quand même quelques uns), le tout dans une nuit d'encre où tout repère disparaissait (2 traversées en sous-terrain de la voie rapide, avec ses bruits incongrus de circulation, pour essayer de nous donner un bien maigre repère... Sinon, le silence des bois, déchiré, de temps à autre, par quelques hululements d'alerte de chouettes ou hiboux...), la nuit se faisait de plus en plus noire, la lune ayant préféré, elle (contrairement à ce qui avait été prévu !), se mettre à l'abri de la pluie derrière les nuages, hélas, si lourds et si nombreux...
Et la course se poursuivait dans l'obscurité, rythmée par la "musique" de mon sac à dos (pas très bien serré), les bruits de la pluie, les odeurs "forestières" sublimées par la pluie...
Descentes "techniques" (c'est à dire raides et glissantes, mais surtout, à faire parfois en aveugle, ou presque, car entrainés par une vitesse telle que la frontale ne pouvait suivre le mouvement!), montées interminables (où il était si bon de marcher un peu, comme les autres qui étaient devant soi, au loin, avant de se faire violence, histoire de se convaincre que c'était finalement bien une course.. et non pas une marche que l'on faisait... malheureusement !), sentiers glissants en dévers, où surgissaient des racines improbables (on n'était pas à la Caldé où chaque racine était peinte en blanc !), terrains spongieux et humides à souhait (ils avaient vraiment bien fait les choses, c'est vrai !) !
Et tout ça, dans la nuit noire, chacun seul, avec son "étincelle de survie" vissée sur le front (Mon Dieu, faites qu'elle ne tombe pas en panne !) !
Parfois, certains me rattrapaient, mais me laissaient aussi très rapidement à mon triste sort, malgré mes vaines tentatives de les accrocher..
Parfois, en me retournant, j'apercevais, au loin, une procession de lucioles blanches qui se rapprochait, inexorablement... C'était si joli (non, vraiment, une photo n'aurait pas été possible : il faut vraiment le voir, le vivre, pour le comprendre...) !
Passé le ravitaillement de mi-parcours, sauté comme à mon habitude, vu la "faible" distance de l'épreuve (quel débutant en trail, je fais...), "elles" ne tardèrent pas, elles aussi, à me rattraper... Qui ça, donc ? Ben, les crampes, bien sûr !
Mais heureusement pour moi, il ne me restait plus qu'un kilomètre, et hors forêt... et tout en descente, en plus ! Ouf ! Ca allait peut être le faire... Je ne savais pas où j'étais (pas très loin de l'arrivée, certes), ni depuis combien de temps je courais, mais bon, ça sentait bon l'arrivée, tout d'un coup !
Les premières lumières artificielles urbaines firent leur apparition (à ma grande surprise !), une dernière descente dans les faubourgs d'Epinal, jalonnée tous les 50 m par un jeune sapeur pompier vous encourageant, avec son flambeau... et la ligne d'arrivée se dessina finalement dans le lointain.
Petit sprint final, pour la forme, mais soudain arrêté... par un mur de paille ! En fait, il s'agissait d'une dernière surprise "surprise" : une fosse remplie de neige carbonique, à traverser (sous haute surveillance, vu le nombre important de spectateurs massé tout autour...), mais pour arriver, juste 100m après...
Ca y est, clap de fin, rideau pour moi, pour ce premier trail nocturne (après une, non... deux petites bières de réconfort... en l'absence de Sophie, restée à l'hôtel, à attendre mon coup de fil libérateur !).
F-E-E-R-I-Q-U-E ! On se sent vraiment en dehors du temps et de l'espace, durant un "instant" (un peu moins de 130 minutes, pour moi)...
C'était magique ! Et tellement étrange aussi, irréel... Un rêve éveillé, en quelque sorte.
Y étais-je vraiment !? Pas de classement, pour l'instant. Mais bon, j'ai quand même croisé Véro et sa copine, de Metz... ainsi que Magali qui a gagné, dernièrement, le 48 km du Trail des Roches de St Dié, main dans la main avec Angie ! Non, ça, je ne l'ai pas rêvé !!! Enfin, je ne pense pas...
Bref, une course à faire, au moins une fois, de nuit, dans sa vie de coureur (ou de coureuse) !
Bon, je ne vais pas tarder à aller me coucher, moi...
A bon lecteur, salut !
2ni
Sujet: 1er "Saptrail" d'Epinal 
Dim 6 Mai - 19:09
