CR PATRICIA et RV 100 KMS DE MILLAU en ZAMOUREUX (3 parties)

Devant nous le viaduc, on a déjà tout dit sur ce viaduc alors je vous laisse seulement imaginer le bonheur que l'on peut avoir d'être là à ses pieds,





la longue montée en marche très rapide (à 7 kms/h) me porte vers ses pieds enracinés dans le paysage, ce viaduc semble avoir toujours été là …





Il « est l'ossature » de Millau, il fait partie de la montagne tout comme ce vent tenace qui continue de nous narguer de face les 2 kms durant de montée,





mais rien ne semble avoir d'emprise sur moi, rien à ce moment là, rien au moment où je passe sous le viaduc,




rien lorsque nous passons la barre des 50 kms,



juste le temps d'une photo officielle, juste le temps d'autres photos juste pour nous,




juste le temps d 'arriver aux 51 kms et là , et là comme une trappe qui me fend la tête, la tentation de l'abandon, le couperet qui passe que l'on accepte ou que l'on refuse, Instant furtif..
Est ce pareil , chez vous les autres coureurs ?



Sitôt abattue, sitôt relevée la trappe!



RV toujours à mes côtés, rien ne m'arrêtera aujourd'hui j'irai jusqu'au bout. Kms 54, dans la tête, je sais que c'est gagné (bon il aura encore des doutes ensuite mais j'espère que vous comprenez ce que je veux dire) ce sentiment d'être invulnérable parce que l'on maitrise son corps parce qu'on le sent vivre (et souffrir un peu).
RV toujours à mes côtés, j'adore nos pas de côtés.
Mon corps qui respire, c'est aussi grâce à ce plan d'entraînement, c'était le premier pour moi à cause même de l'idée je ne voulais pas faire Millau, mais RV a su me persuader de son importance et là, et là, et là cash c'est en train de payer.

Indéniablement je suis en excellente forme!



A l'amorce de la fameuse et mythique côte de Tiergues, heureuse comme une gamine du chassé croisé avec SEB qui en finit avec la descente, « lui », et vole vers une très grosse perf, moins de 9 h !!!!! et il prend le temps de quitter sa trajectoire pour venir frapper amicalement ma mimine, Il force l'admiration SEB par ses capacités athlétiques bien sûr mais c'est aussi et surtout l'homme que j'apprécie, humble et discret tout simplement.

Nous sommes en haut de Tiergues et St Affrique se profile à l'horizon de la grande descente qui va nous porter à près de 10kms/h sur 3 kms



vers cette ville qui marquera le virage de retour, superbe ville nous prenons le temps d'admirer les vieux quartiers



et de remercier les gens très nombreux qui sont là pour nous encourager …. et parmi eux, de nouveau Odile et Hubert qui étaient venus seulement pour le marathon mais qui continuent d'arpenter les routes aveyronnaises pour encourager les copains, vraiment encourageants vos vivats !

Un grande salle nous accueille passage au pointage officiel en 8 h 53 au 71ème dans les temps dans les temps alors reprenons le temps de « changer de pieds », Ici on a la possibilité de récupérer un sac que nous avions confié à la zorga alors nous nous posons dans un coin de la salle pour un changement de chaussettes et une nouvelle couche de beurre de karité (notre secret),



c'est un peu comme dans les stands de formule 1 au moment des changements de pneus, on rigole bien et on en profite pour boire de la soupe maison qui nous est offerte par les bénévoles.



Mais il faut y aller ne pas trop laisser refroidir la machine, - de 15 mn pour cet arrêt pas mal non ?

Et hop en sortant de la salle nous croisons Pascale Casoni qui arrive, pas trop bien alors encore quelques secondes pour l'encourager et nous attaquons la grosse remontée vers Tiergues.

Retour à la maison maintenant, 29 kms et alors en marche très rapide toujours ma fameuse technique pas très académique il paraît même que mes bras bougent dans le mauvais sens et alors et alors les hectomètres filent je ne m'occupe même pas d'RV qui tchatche avec tous ceux que nous doublons car nous en doublons des coureurs dans cette montée, nous gagnerons près de 200 places pendant ce retour vers Millau, C'est évidemment là qui faut être fort que l'on soit premier ou, plus loin comme moi la différence on l'a fait ici en partant de St Affrique. Où on trouve cette énergie et cette force intérieure qui vont vous porter en haut de Tiergues ou alors plus moyen d'avancer, lorsque l'on coince ici il est très difficile ensuite de se redynamiser ...le but pour nous en finir avec cette grimpette avant que la nuit ne vienne recouvrir la course.

C'est gagné ! Nous basculons au moment où les petites lucioles des coureurs commencent à s'allumer, de longs filets de lumière qui filent dans la descente, RV me reprend plusieurs fois, pas trop vite ...pas trop vite..., c'est vrai qu'il reste encore quand même 23 kms alors de la prudence, je dois être prudente et ne pas m'enflammer, trouver la quiétude et la sérénité de la V2 que je suis et, faire attention aux bas côtés un peu dangereux pour les chevilles.

Au ravito, à St Rome j'ai vraiment besoin de salé et cela sera comme cela jusqu'à Millau (zut j'ai vendu la mèche il n'y a plus de suspens vous connaissez la fin maintenant bon bin tant pis).

Et puis du cola et encore du cola, pas de raison de changer puisque ça roule comme ça.
Nous sommes sur une partie un peu … je m'ennuie quoi c'est pas grave Non ? 3 kms sur 100 ? mais bon un faux plat descendant qui ne semble mener nulle part et peut être aussi quelques petites douleurs aux cuisses qui s'affirment ...
Il est temps que nous arrivions au ravito de St Georges j'en profite, il n' y personne ou presque dans la salle pour passer aux massage, quadriceps jumeaux et trapèze ça requinque Parole !!!

On quitte la salle pour sortir du village et devant nous en haut de la dernière côte, le viaduc illuminé nous tend les bras; au moment où nous passons le panneau du 90 ème kms, On rigole avec RV et on imagine de battre notre record sur 10kms sur cette dernière partie mais...cela ne sera pas pour cette fois !Nos records persos, pour RV et moi, restent attachés aux 10 kms de Sarreguemines (et à ses gâteaux légendaires).

Nous sommes à quelques centaines de mètres du passage sous le viaduc et j'ai la chance de pouvoir parler en direct au téléphone avec Marie et Patrice qui m'auront portée plus que supportée pendant toute cette journée. Je n'avais pas conscience de l'importance de ces soutiens avant de partir, c'est évidemment seulement sur l'ultra que l'on peut ressentir ce besoin (je vous déconseille sur un 400 m de prendre quelqu'un au bout du fil ou de taper frénétiquement un sms dans le virage du tour de piste). Alors je repense à tous ces messages qui sont tombés ce matin sur mon portable et ensuite pendant la course sur celui d'RV … de Boulay, de Gandrange Hagondange et puis aussi de Nathalie Zimmer qui nous a inondés de SMS, ce fut un bonheur évidemment, comme de recevoir ceux de mes collègues de l'école et sans oublier les parents et les enfants de ma classe qui ont pensé à moi. MERCI merci à vous tous je vous offre en cadeau les lumières du viaduc qui scintillent dans la nuit alors que nous franchissons main dans la main avec RV une dernière fois ce point mythique du parcours.



On file dans la descente vers le dernier ravito, on profite un peu ...c'est gagné maintenant je voulais arriver avant minuit maintenant c'est une certitude et bien au delà de mes espérances, nous voici déjà oui déjà au km 95.



Nous rentrons dans Millau pour les 3 derniers kms, profiter profiter je me rappelle de ces conseils de Nathalie et Seb alors je me porter par ce bonheur dont j'ai rêvé depuis le début de cette année,
Et j'accélère, j'accélère 6mn au kilo sur les 2 derniers, parfois j'ai du mal à tenir cette vitesse en fin de semi marathon, alors comment expliquer ? Peut être ne pas tout expliquer...

Je laisse graduellement ma foulée prendre le contrôle de mon corps je lui dois bien ça , je l'ai contrôlée toute la journée et même depuis des mois, l'astreignant à rythme si particulier, la VS100.

Et je m'installe dans ce rythme plutôt rapide et dans tous les cas plus rapide que celui qu'RV avait prévu sur son petit papier (qui ne l'a pas quitté depuis le départ)... je me sens divinement bien, en toute aisance je parviens , MOI, à accélérer au bout de 99 kms (ça y est le panneau est franchi), alors que de coutume les fins de courses ont toujours pénibles pour moi.

RV dans mes pas, je me sens complètement moi même, et complètement une autre.
La vie est belle ! Oui la course peut révéler des choses insondables, l'ultra permet de trouver des cheminements intérieurs ....

Nous rentrons dans le Parc de la Victoire quelques centaines de mètres



et nous pénètrerons dans la salle, l'entrée dans la salle : le passage de l'ombre à la lumière, la main d'RV saisit la mienne et c'est ensemble que nous franchissons la ligne d'arrivée des 100 kms de MILLAU!



Et ensuite ? Ensuite, après une douche de rêve,



un repas,



la chaleur des coureurs présents, le partage de la joie de ceux qui arrivent au fil de l'eau, comme la joeletteel superbe exploit quelle aventure,



nous continuons de baigner dans la course, retardons le moment du départ, je vais encore à la rencontre des bénévoles présents,
les remercier encore une fois encore.



Quelques mots avec le vainqueur du jour, Michaël Boch qui restera à côté du podium une grande partie de la nuit pour applaudir chaque arrivant.



C'est cela Millau c'est cela et tant d'autres choses.