Quel avenir pour les records ???

Le 02/08/2009 à 14:07
Par SYLVAIN LABBE
De Sports.fr, au Foro Italico (à Rome)

Avec
déjà quelques 39 records du monde battus à Rome, les Mondiaux, qui
s'achèvent ce dimanche auront renversé dans l'anarchie la plus totale
l'ordre établi et les hiérarchies. Mais alors que la Fina prétend que
le retour au tout-tissu sera effectif au 1er janvier 2010, elle refuse
le débat sur les nouveaux records établis, appelés à être enregistrés
et homologués sans la moindre hésitation.



Avec
ou sans combinaison miracle, le record du monde de Phelps sur 100 m
papillon lui vaut 25 000 dollars. Comme tous les autres. (Reuters)





975 000 dollars. A 25 000 dollars US la prime pour un record du monde,
voilà l'une des autres conséquences, plus anecdotique, de la gestion
lamentable par la Fédération internationale de natation (Fina) de la
question des combinaisons avant et lors de ces championnats du monde,
XIIIe du nom. Les quatre records établis dans la Ville éternelle sans
combinaison miracle (*)
face à l'armada en plastique auraient mérité un bonus, ils seront
pourtant logés à la même enseigne. Et alors que le trésorier de la
Fina, déjà contraint de faire un chèque de près d'un million de
dollars, s'arrache les cheveux, les autres membres de l'instance
internationale, qui il faut bien le dire n'en ont plus beaucoup,
campent sur leur position en matière de records.

Si sous la contrainte des fédérations, la Fina a finalement accepté de
revenir à la raison et donc à l'interdiction du tout-polyuréthane au
1er janvier 2010, date finalement validée par son Directeur exécutif,
Cornel Marculescu, cette semaine, pas question en revanche de trouver à
redire à l'avalanche de records du monde, qui une semaine durant vient
d'abrutir le public romain du Foro Italico. "Nous avons des athlètes qui nagent de plus en plus vite, qui sont de plus en plus forts, qui s'entraînent énormément, avait osé plastronner encore Marculescu en début de compétition. L'avenir nous dira si les records réussis aujourd'hui seront imbattables demain. Alors à ce moment-là, on avisera."

Horter: "Une génération sacrifiée ? C'est possible..."

On se souvient d'un temps pas si lointain où un record du monde avait
une valeur émotionnelle et sportive, qui en faisait sa rareté et sa
beauté, faisait lever les foules et valait à son auteur une admiration
sans limite. Ce temps est révolu en natation et à Rome, où la valeur
chronométrique, fondement de ce sport, a été dévoyée jusqu'à
l'écoeurement dans l'anonymat d'une série matinale quand un athlète
moulé de plastique fait tomber le chrono que l'on croyait gravé dans le
marbre pour longtemps. Près d'une quarantaine de nouveaux records,
parfois ahurissants, tombés dans l'arène du Foro Italico quand, à titre
de comparaison, seulement 25 avaient été battus à Pékin contre 15 à
Melbourne, il y a deux ans.

Avec le retour annoncé au tout-tissu, dont beaucoup d'acteurs, trop
échaudés par la Fina, continuent de douter, ces nouvelles valeurs
chronométriques, fruits d'un dérapage technologique enfin circonscrit,
mais portées à des niveaux insoupçonnées dans le cirque romain, sont
appelées elles à durer. Et les conséquences se mesurent à peine, à
l'image d'un Lionel Horter, Directeur des entraîneurs de l'équipe de
France, pas le moins déboussolé: "Je pense qu'ils (Fina) vont
avoir un réveil douloureux. Ils vont mesurer à ce moment-là l'aventure
qu'ils ont fait faire à notre sport. Il y a plusieurs questions : des
entraîneurs au bord du bassin qui disent qu'une génération va être
sacrifiée, c'est possible. Est-ce qu'ils vont être capables d'apprendre
à renager avec un équipemment, qui les fait nager moins vite et ensuite
combien de temps cela va-t-il prendre pour que cette génération se cale
de nouveau sur d'autres performances, combien de temps ça va prendre
pour que celui qui sort du 50 m, s'il voit affiché 22"50, il trouve ça
bon... C'est la vraie question, personne n'a la réponse." Un saut dans le vide, voilà ce qui se prépare et les responsables de l'équipe de France ne sont pas les moins préoccupés.

Moins intégriste, pour les uns, dans son approche ou plus libertaire,
pour les autres, Christian Donzé, le DTN des Bleus, se lance dans la
prospective: "
Il y aura forcément par rapport à cela une période de transition comme
il y en a eu à l'époque du dopage chez les Allemandes de l'Est.
Maintenant, on retient plus qui a été champion olympique, plutôt que le
temps du champion olympique. Ce sera peut-être un mal pour un bien de
dire qu'on est dans de la confrontation, de la concurrence et que
l'important, c'est de toucher le premier. Les repères seront peut-être
un peu faussés par rapport au chrono. Mais c'est aussi pour cette
raison que je souhaite que la nouvelle réglementation intervienne au
1er janvier 2010 et pas après." Une nécessite selon lui au-delà des
propositions des uns et des autres, notamment sur le marquage par une
astérisque des records battus avec le tout-polyuréthane ou encore la
remise à zéro de standards chronométriques, fixés à une date
déterminée. "Plus on va retarder la date, plus cela aura des
incidences sur les modalités de préparation, les modalités de sélection
sans compter le développement de notre natation, en termes d'accès aux
compétitions nationales, interrégionales... Après, la petite étoile sur
le record, après tout, on s'en tape..."

Retour en 1996 et Atlanta, derniers JO tout-tissu

Horter, lui, s'est fait sa religion et ne transige pas: "La
seule solution, c'est de repartir en arrière, et en ce qui me concerne,
en 1996. Parce qu'en 2000, il y avait déjà le polyuréthane et Atlanta,
ce sont les derniers JO disputés avec le matériel tout-tissu, la
période 1996-1998."

En attendant de savoir où se placera le curseur, s'il doit y avoir un
retour en arrière, et de quoi sera fait ce douloureux réveil annoncé,
Donzé, lui, ose un ultime conseil, formulé auprès des autres
fédérations sous la forme d'un courrier traduisant la position de la
FFN, aux allures de mise en garde pour ces messieurs de la Final: "Qu'ils
réfléchissent bien à ce qui est l'intérêt des fédérations nationales et
de leurs athlètes avant de prendre une décision à la hâte. Les acteurs,
ce sont les athlètes, pensons à eux en premier lieu, le reste, on
verra. Chacun a des avis, il ne faut pas profiter du contexte, où on
n'a pas le temps de réfléchir. Il y a jusqu'au 1er janvier 2010 pour
prendre une bonne décision. Au 1er janvier, il faut que ce soit clair
dans l'optique de l'histoire et du futur de la natation." A bon entendeur...

(*) Les quatre records établis à Rome sans l'aide de
combinaisons tout polyuréthane sont l'oeuvre des Américains Michael
Phelps (100 et 200 m papillon) et Ryan Lochte (200 m 4 nages), ainsi
que de la Britannique Gemma Spofforth (100 m dos).

Records bien sûr validés avec les combi homologuées !!! Comme les records de l'Allemagne de l'Est dont certains sont toujours en vigueur aujourd'hui !
Mais à partir 1er janvier 2010, on assistera à moins de records... ce qui sera plus "normal"....

Bien d'accord avec toi, mais le coté "ubuesque" de ces records c'est les moyens utilisés pour y parvenir.
A partir du 1er janvier 2010, comment motiver un nageur vers un chrono établi à l'aide d'une combi désormais interdite....???
Le seul qui garde ses chance c'est PHELPS.
Le même problème c'est posé avec le record de l'heure en cyclisme où l'on a vu une année des recordman utiliser des "engins" qui n'avaient plus rien à voir avec le définition du vélo et après le retour en arrière décidé par la UCI, plus personne ne s'y engage.

L'avantage de ces combis c'est qu'elles nivelaient en quelque sorte le niveau... C'est pareil côté entraînement (il n'était plus nécessaire de nager des kms et des kms) et laissaient l'avantage aux nageurs puissants...
Sans combi intégrale, c'est la notion de glisse qui reviendra au goût du jour, travail des appuis encore plus important qu'il ne l'était avec ces combis... Les meilleurs resteront les meilleurs, mais on n'assistera plus à pléthore de records du monde... Il faudra aller les "chercher", comme le record du monde de l'heure en cyclisme...
Effectivement le seul qui aura de la marge, c'est Phelps car il en a battu en simple pantalon (même s'il contenanait aussi ses plaques polyuréthane...).

Justement ce "nivellement" otait beaucoup à la natation.
C'etait "Sois musclé et nage" ...
Je n'ai rien à reprocher à nos nageurs, mais j'attends d'athlètes à ce niveau, une certaine régularité combi ou pas