Marathon de Reims

De retour de Reims ... (final part)
Le contrecoup est terrible, et l'accumulation des ennuis physiques et mentaux se ressent sur ma vitesse, qui chute prodigieusement: 31e = 4'55", 32e = 6' , 33e = 5'35" , 34e = 6'20" ... Mes temps sont à mon image, je suis en perdition, incapable de maintenir une allure quelle qu'elle soit!
C'est dur, mes jambes sont de plus en plus difficiles à faire avancer (plus de force, crampes naissantes à tous les muscles des cuisses).
Cette sensation est effrayante, celle d'avoir un corps vidé, en panne d'essence (alors qu'au niveau respi et puls, tout semble ok) et d'endolorissement généralisé des jambes (ce qui m'oblige à réduire la fréquence et l'amplitude de mes foulées).

Quelques coureurs autour de moi semblent traverser le même genre de galère, on fait les yoyos, des stop and go, mais la majorité nous remontent inexorablement et nous déposent, impuissants, comme englués dans notre mazout...
C'est ansi que le groupe ballon 3h15' m'avale, et me scotche autant que celui des 3h un peu plus tôt. Là je me dis: "Mais quand ce supplice va t'il finir?"

Maintenant, à chaque ravito (35e , 40e), je me "goinfre" dans l'espoir de relancer la "bête", mais rien n'y fait, je prends conscience que c'est trop tard et qu'il va falloir finir "en l'état", à l'arrache!

Je me traîne comme un papi (c'est mon ressenti et non une critique des vétérans avancés... qui pour beaucoup m'ont corrigé ce dimanche !!!) 35e = 6'55" , 36e = 6' , 37e = 5'40" , 38e = 6'20" , 39e = 6'30" , 40e = 6'35" , 41e = 7' , 1.2 derniers kms = 7'45".
Ces derniers kms ne me laissent que des souvenirs très flous, un peu mélangés, j'étais je crois dans un état semi-gazeux, et parfois je me moquais intérieurement de ma démarche quasi slalomante...
Le parcours? Euh... des rues qui me semblaient désertes (l'étaient-elles?). L'image des westerns, vous savez quand le cowboy rentre dans une ville fantôme, soufflée par le vent, les portes qui grincent, un chat qui miaule, la boule de paille qui traverse la rue...

Y avait des montées sur la fin, non?
Euh... certainement... bon faut dire que tout me paraissait à 25% dans mes jambes depuis qq temps déjà, alors franchement, j'ai pas ressenti ces changements de dénivelé comme les autres ou comme les spectateurs ("ah oui, alors! Ca devait être dur dans le dernier kilomètre, t'as vu comme ça montait?")

Dans cette portion, c'était bizarre, je savais que la fin était toute proche, je n'étais pas heureux, ni malheureux, je souffrais certes, mais j'étais pas pressé d'en finir, je regardais autour de moi (comme si je pouvais enfin sortir de ma bulle de galère) ahuri. Preuve en est, et bien que compétiteur dans le sang, j'ai du me faire doubler sans broncher par 3, 4 gars rien que sur le tapis qui mène à l'arrivée !

Quelle drôle de course... vraiment!

A l'heure où j'écris ces dernières lignes de mon récit, mon état d'esprit a doucement évolué, de la profonde déception, j'ai enrichi mon bilan: ce fut dur certes, mais j'ai effectivement fini. Je crois que ma grosse déception est surtout une réaction d'orgueil (je mets ce terme sans en être totalement satisfait, aidez-moi si vous voyez ce que je veux dire...), je m'en veux en fait de la manière dont j'ai géré (ou gâché) ma course.

Fier d'être marathonien et à présent (ce ne fut pas mon premier objectif d'après course, loin de là!) paré dans ma tête à affronter un 2e, plus tard!

MERCI A TOUS CEUX ET CELLES QUI ONT CONTRIBUE PAR LEUR SOUTIEN PHYSIQUE, VIRTUEL, PROFESSIONNEL, AMICAL, A M'AIDER DAN CETTE PREMIERE EXPERIENCE SPORTIVE ET HUMAINE.

Vive le marathon , vive la course àpied, vive Courirenmoselle.com !

Et vive LA FRANCE

Félicitations, c'est tres bien décrit et le ressenti pour beaucoup d'entre nous qui avons ou qui cherchent encore à faire le marathon en moins de 3 heures

Bonne récup, vient donc à Puttelange dimanche

Ton récit est prenant, et.... fait un peu flipper quand on n'a jamais testé la distance Mais c'est rassurant de voir que tu es déjà partant pour un nouveau numéro
Encore bravo Rémi

"Je crois que ma grosse déception est surtout une réaction d'orgueil (je
mets ce terme sans en être totalement satisfait, aidez-moi si vous
voyez ce que je veux dire...), je m'en veux en fait de la manière dont
j'ai géré (ou gâché) ma course."

Ta "morale" est des plus exacte, le marathon reste une épreuve contre soi même avant tout, ce n'est pas de l'orgueil mais simplement un acceptation de soi . Une grande école d'humilité.
Tu n'as rien à te reprocher, comme Tonio, tu sais rebondir et surfer sur cette vague de volonté pour ainsi regarder de l'avant.

Bravo Rémi !
Te voilà marathonien

Content que tu en sois fier et heureux... après/malgré une phase de déception bien compréhensible, étant donnée la prépa rigoureuse et exigeante à laquelle tu t'es astreint. Ton deuxième objectif était très réaliste... et le premier aussi j'en suis sûr Ce n'est plus qu'une question de temps, maintenant (au fait... tu fais quoi, ce printemps ? une balade en Savoie, ça te dirait pas ).

Je vois très bien ce dont tu parles... ce western spaghetti de fin de parcours, rythmé par un harmoniciste englué dans des gels à la saveur de mazout... Difficile pour qui ne l'a jamais vécu (on ne le vit heureusement pas à chaque marathon... mais pas seulement sur le(e) premiers(s) non plus) de comprendre ce qui se cache derrière la petite phrase sibylline souvent entendue : "un marathon reste un marathon".

Mais...
Te voilà marathonien
Bienvenue dans le club, boy

on reconnait "le marathonien" à la capacité qu'il a ..de faire intelligemment le point sur sa course que l'objectif soit atteint ou pas ...

Ce n'est pas des propos bisousnours cherche ..regarde ....lis oui je sais tu as déjà beaucoup lu de CR et alors ..j'ai pas raison ??

Ah AH tu vois que j'ai raison !!

Bravo à toi ...et la prochaine fois ..avec 10 cm de plus tu es dans ADDM elle est pas belle la vie ?

Félicitations Rémi pour ton 1er marathon et pour tes talents d'écriture.

J'étais moi aussi à Reims ce dimanche et j'ai vécu la même galère que toi (à mon modeste niveau).
Les derniers entrainements n'avaient pas été super (signe de fatigue, pulsations trop hautes) pourtant j'étais bien décidé à battre mon record.

Dès le départ je me place à côté de la meneuse d'allure des 3h30 avec l'objectif de courir au même rythme. Cependant au bout de 3 kilomètres je me rends compte que le rythme est trop lent, nous passons au 5° kilo avec près de 40 secondes de retard sur l'objectif. Je décide donc (à tort) d'accélerer. Au 10° j'ai déjà comblé un partie de mon retard et je passe au semi en 1:44:11. Je continue ma progression à la même allure, je sais que je suis un peu en sur-regime mais je me sens bien. Je vais tenir ce rythme 4'50-4'55 au kilomètre jusqu'au 32°.

A partir de là, la galère commence... Comme sur mes marathons précedents, je commence à avoir envie de rendre et je suis incapable de m'alimenter, ma vitesse chute rapidement, mes jambes deviennent de plus en plus dures et mes doigts sont engourdis. La meneuse d'allure des 3h30 m'avale au 35° kilomètre. J'essaie de relancer et de m'accrocher au groupe en pure perte. Je continue mon chemin de croix en alternant marche et course jusqu'au 40°. Là un petit groupe tente de m'encourager, j'ai à peine la force de secouer la tête en guise de remerciement.
Finalement je parviens à recommencer à courir, le dernier kilomètre en faux-plat montant me redonne bizarrement un sursaut d'energie et je finis en 3h38:53 en ayant l'impression de sprinter avec un autre concurrent.

A l'arrivée, je ne suis pas trop déçu, la fin de ma prépa m'avait déjà donné les premiers signes de sur-entrainement et mon allure trop rapide pour combler mon retard ne m'ont pas permis d'atteindre mon objectif.
Il parait que l'on apprend plus de ses défaites que de ses victoires dans mon cas j'ai déjà analyser mes erreurs et je me projette déjà dans l'avenir et vers d'autres marathons pour 2010 (Metz bien sur ).

Rémi, je te souhaite une bonne récupération et encore bravo pour ta perf.

Amitiés sportives

Eh oui
Et déjà en couchant "sur le papier" ton récit tu démontres ta sagesse et ta prise de recul.
D'un autre coté cette volonté à toujours aller de l'avant et aussi une preuve positive.

A 2010..

Félicitations Eric

Je trouve que tu as bien géré tes problèmes , tu as limité la "casse" et finalement ,tu n'es pas trop loin de ton objectif .

L'essentiel pour vous deux, c'est d'avoir l'envie de recommencer ,histoire de maitriser le mieux possible cette distance .

Merci à vous deux pour vos récits et bonne récup

Mich a écrit:

Ton récit est prenant, et.... fait un peu flipper quand on n'a jamais testé la distance Mais c'est rassurant de voir que tu es déjà partant pour un nouveau numéro
Encore bravo Rémi

En exclusivité pour Courirenmoselle :

Alors Mich : Prague ou Metz ou......?

Au fait Rémy...TU ne parles pas de la transition : bitûme / douche / voiture / collège (lundi matin).
C'était comment ?

Félicitation pour ton récit très instructif et inquiétant pour toute personne désireuse un jour (Metz ?) de se lancer sur marathon

Bonne récup & RDV à Créhange pour une p'tite bourre de 30 mn....

Marie a écrit:

En exclusivité pour Courirenmoselle :

Alors Mich : Prague ou Metz ou......?

Prague, Marie En espérant que cela se passe bien...

HenriL a écrit:

Au fait Rémy...TU ne parles pas de la transition : bitûme / douche / voiture / collège (lundi matin).
C'était comment ?

Félicitation pour ton récit très instructif et inquiétant pour toute personne désireuse un jour (Metz ?) de se lancer sur marathon

Bonne récup & RDV à Créhange pour une p'tite bourre de 30 mn....

Pourquoi inquiétant ???
Au travers de son récit, le marathon apparait comme l'épreuve qu'elle est : à ne pas prendre à la légère.
Avant tout cela mérite une préparation précise, autant physique que mentale, ce qui lui a permis de passer la ligne d'arrivée et analyser positivement son premier marathon

bravo à Eric qui aurait du nous faire un petit coucou avant de partir nous aurions tenu au courant le forum de tes exploits ..car marathoner et tjours un exploits.

Rémi K a écrit:

De retour de Reims ... (final part)
Le contrecoup est terrible, et l'accumulation des ennuis physiques et mentaux se ressent sur ma vitesse, qui chute prodigieusement: 31e = 4'55", 32e = 6' , 33e = 5'35" , 34e = 6'20" ... Mes temps sont à mon image, je suis en perdition, incapable de maintenir une allure quelle qu'elle soit!
C'est dur, mes jambes sont de plus en plus difficiles à faire avancer (plus de force, crampes naissantes à tous les muscles des cuisses).
Cette sensation est effrayante, celle d'avoir un corps vidé, en panne d'essence (alors qu'au niveau respi et puls, tout semble ok) et d'endolorissement généralisé des jambes (ce qui m'oblige à réduire la fréquence et l'amplitude de mes foulées).

Quelques coureurs autour de moi semblent traverser le même genre de galère, on fait les yoyos, des stop and go, mais la majorité nous remontent inexorablement et nous déposent, impuissants, comme englués dans notre mazout...
C'est ansi que le groupe ballon 3h15' m'avale, et me scotche autant que celui des 3h un peu plus tôt. Là je me dis: "Mais quand ce supplice va t'il finir?"

Maintenant, à chaque ravito (35e , 40e), je me "goinfre" dans l'espoir de relancer la "bête", mais rien n'y fait, je prends conscience que c'est trop tard et qu'il va falloir finir "en l'état", à l'arrache!

Je me traîne comme un papi (c'est mon ressenti et non une critique des vétérans avancés... qui pour beaucoup m'ont corrigé ce dimanche !!!) 35e = 6'55" , 36e = 6' , 37e = 5'40" , 38e = 6'20" , 39e = 6'30" , 40e = 6'35" , 41e = 7' , 1.2 derniers kms = 7'45".
Ces derniers kms ne me laissent que des souvenirs très flous, un peu mélangés, j'étais je crois dans un état semi-gazeux, et parfois je me moquais intérieurement de ma démarche quasi slalomante...
Le parcours? Euh... des rues qui me semblaient désertes (l'étaient-elles?). L'image des westerns, vous savez quand le cowboy rentre dans une ville fantôme, soufflée par le vent, les portes qui grincent, un chat qui miaule, la boule de paille qui traverse la rue...

Y avait des montées sur la fin, non?
Euh... certainement... bon faut dire que tout me paraissait à 25% dans mes jambes depuis qq temps déjà, alors franchement, j'ai pas ressenti ces changements de dénivelé comme les autres ou comme les spectateurs ("ah oui, alors! Ca devait être dur dans le dernier kilomètre, t'as vu comme ça montait?")

Dans cette portion, c'était bizarre, je savais que la fin était toute proche, je n'étais pas heureux, ni malheureux, je souffrais certes, mais j'étais pas pressé d'en finir, je regardais autour de moi (comme si je pouvais enfin sortir de ma bulle de galère) ahuri. Preuve en est, et bien que compétiteur dans le sang, j'ai du me faire doubler sans broncher par 3, 4 gars rien que sur le tapis qui mène à l'arrivée !

Quelle drôle de course... vraiment!

A l'heure où j'écris ces dernières lignes de mon récit, mon état d'esprit a doucement évolué, de la profonde déception, j'ai enrichi mon bilan: ce fut dur certes, mais j'ai effectivement fini. Je crois que ma grosse déception est surtout une réaction d'orgueil (je mets ce terme sans en être totalement satisfait, aidez-moi si vous voyez ce que je veux dire...), je m'en veux en fait de la manière dont j'ai géré (ou gâché) ma course.

Fier d'être marathonien et à présent (ce ne fut pas mon premier objectif d'après course, loin de là!) paré dans ma tête à affronter un 2e, plus tard!

MERCI A TOUS CEUX ET CELLES QUI ONT CONTRIBUE PAR LEUR SOUTIEN PHYSIQUE, VIRTUEL, PROFESSIONNEL, AMICAL, A M'AIDER DAN CETTE PREMIERE EXPERIENCE SPORTIVE ET HUMAINE.

Vive le marathon , vive la course àpied, vive Courirenmoselle.com !

SUPER récit... hé oui... c'est ça le Marathon... un mélange de courage, d'humilité, de respect, de courage, d'opiniatreté...
cela me projette 20 ans en arrière pour mon premier marathon... à Reims ou j'ai vécu à peu près la même expérience pour ne pas dire la même galère... je me souviens avoir beaucoup marché à partir du 33ème km... il me semble d'ailleurs avoir plus marché que couru!
Bravo Rémi et MERDE pour ton prochain Marathon (le 17 octobre 2010?)

Pour ce qui est de l'après course, ça se passe complètement différemment de ce que je pensais...

DIMANCHE APREM et SOIR:
une vraie loque, au ralenti, les muscles engourdis, courbaturés mais pas de crampes. début de tiraillements articulaires (genou droit, cheville droite). On est rentré en voiture le dimanche soir, j'ai même pris un peu le volant car ma chérie était naze (ça allait déjà mieux).

LUNDI: toujours un peu courbaturé et ralenti, mais sans plus. Articulairement c'est pas le pied (genou + cheville DROITS). Une villa Pompéi m'a fait un grand bien je pense, même si j'étais vraiment crevé à la fin de la séance.

MARDI: quasi plus de courbatures (incroyable!), envie de courir (pour faire un footing) mais mes articulations me rappellent à l'ordre: prudence...(il s'agit pas de tout flinguer maintenant!)

Bah c'est le "metier" qui rentre.

L'euphorie de l'instant vécu supplante largement les désagrèments connus..

Tu vas vite te retrouver dans tes baskets et te dire : "p... je l'ai fait, courir un marathon" et vouloir échanger tes impressions avec d'autres marathoniens et...

REGARDER TON CALENDRIER POUR COCHER LE PROCHAIN

norbertteuchert a écrit:

le ressenti pour beaucoup d'entre nous qui avons ou qui cherchent encore à faire le marathon en moins de 3 heures

Pas tout à fait d'accord avec toi Norbert , j'ai déjà couru six marathons et quatre se sont déroulés comme celui de Rémy ( voir mon récit sur celui de Paris de cette année) et je visais modestement un chrono de 3h30.
Félicitation Rémy d'avoir terminé, je crois que l'on en retire tout même une certaine fierté d'avoir terminé la course, et que 2 heures après la course tu réfléchissais comment tu allais préparer et courir le prochain et je t'annonce déjà que tu vas améliorer ton chrono et bien venu au club des marathons man ( Mich alors ).

Bravo à toi !! Ne sois pas déçu c est déjà une grande victoire!
Nous on a fait seulement les 10km, même pas eu le courage de se lancer sur le semi...alors pour nous t'es un héro!!!!