Quelle belle expérience que ce Trail en Belgique, un beau parcours, une organisation simple et sans faille. Tout ne se résume pas à des chiffres...
J’arrive sur place vers 9h20. Je salue Michaël avec qui j'ai échangé sur le forum Raidlight qui est venu là avec sa petite famille. Difficile de le louper, il est habillé de Raidlight de pied en cap. Il prépare la Sparna Trail, je ne sais pas ce qui m’attend, nous nous mettons sagement dans les derniers.
Après un rapide tour dans le quartier du stade de Xhoffraix, nous quittons rapidement le bitume. Je discute avec Michaël sur ces chemins qui sont encore larges. Mais, après 28 minutes de course, nous sommes stoppés une dizaine de minutes par un embouteillage après le premier gué : la première grosse montée.
Il y a eu pas mal de rosée la nuit dernière et, à 10h40, les toiles d’araignée sont encore innombrables dans les herbes et taillis au bord du chemin. Premières photos (loupées), mon appareil photo est accroché à ma ceinture, à portée de main comme l’éco-tasse Raidlight que je n’étrennera pas cette fois encore , les gobelets étant innombrables aux ravitaillements.
Dans une trouée, apparaît le château de Reinhardstein. Je prends deux photos. Je sens Michaël piaffer un peu, l’objectif des 5 heures a été mal mis à mal par le bouchon. Il prend insensiblement le large et, au premier ravitaillement, il m’a attendu avant de repartir : il me donne rendez-vous à l’arrivée.
Quand je quitte le ravitaillement, je me demande pourquoi j’ai bien pris ce paquet d’abricots moelleux et autant d’eau (avant de partir, j’ai dû desserrer les bretelles de mon sac tant la poche à eau remplissait tout le volume).
L’organisation nous avait annoncé une très grosse descente vers les 13-14 kilomètres. De fait, une corde a été mise en place et je descends tranquillement en rappel, prenant garde à ne pas glisser. Un concurrent descend très vite mais je le reprends ensuite dans une montée. Cela fait déjà quelques temps que nous jouons au chat et à la souris. En arrivant aux prises d’eau de Malmédy, nous devons franchir un gué, un tronc a été mis en place mais un concurrent devant moi tombe dans l’eau jusqu’à mi-cuisses, le cabri s’en sort bien avec le tronc et passe presqu’au sec. J’hésite, pense à mes chevilles fragiles et décide de passer dans l’eau. J’ai de l’eau jusqu’à mi-cuisses : il reste près de 24 kilomètres : que me réservent mes pieds ?
On longe la grosse canalisation vers Malmédy, j’ai de bonnes sensations malgré les pieds mouillés. Un peu plus loin, une sorte de chapelle apparaît, un groupe de Vététistes fait une pause casse-croutes. Je prends une photo et entame une descente un peu plus raide. Plus loin, je me retrouve sur un grand sentier, à la station IX du chemin de croix, je viens de passer le Calvaire de Malmédy. La descente du chemin de croix est un calvaire en soi avec les hautes marches mais ce n’est rien avec la pente finale sur le bitume où je fais des grandes courbes pour me ralentir. Je retrouve le descendeur fou et nous entamons ensemble la traversée de Malmédy et la remontée vers le Thier de Liège. Nous marchons tout en discutant.
A un moment, la pente me semble moins forte et je lui propose de courir. Il décline l’invitation et je lui donne rendez-vous à la prochaine descente. Je ne le reverrai pas jusqu’à l’arrivée. Alors que je progresse tant bien que mal vers le deuxième ravitaillement, je commence à m’inquiéter de la barrière horaire.
Je débouche sur le plateau, un paysage lunaire avec les vestiges d’un arbre, un tronc dénudé, séché par le temps, planté seul, tel la tige d’un cadran solaire. Mon souci de chrono m’empêche bêtement de prendre une photo. Tant pis, il me faudra chercher sur Internet pareille photo ;-)
J’arrive par le travers sur une coupe de bois, en fait une grande pente d’une centaine de mètres de large. Tandis que je suis le chemin qui serpente au milieu des arbres à terre, j’entends le bruit d’un tracteur forestier qui vient de démarrer et qui remonte justement cette pente. J’ai largement le temps de passer avant lui mais j’ai un petit moment de stress. Alors que j’atteins le couvert, je croise des randonneurs qui m’annoncent le ravitaillement à quelques centaines de mètres. Les bords du chemin sont barrés de quantité de rubalises. Je comprends plus loin en croisant la piste d’un téléski que l’endroit sert d’aire de jeu à des vététistes fans de descente. Encore cent mètres pour traverser leur terrain de jeu et me voilà au ravitaillement. J’attends la sentence mais rien, je me désaltère, prends quelques fruits secs, un quartier d’orange et repars avec un petit groupe. Trois coureurs abandonnent là. Un quatrième hésite, repart finalement. Un organisateur lui indique une échappatoire pour rejoindre la route et y faire du stop pour rentrer sur Xhoffraix.
Après une portion plutôt descendante, nous entamons une longue remontée le long d’un ruisseau. Le bruit tranquille de l’eau m’anesthésie et je suis incapable de courir. Le sol est un entre-lacis de roches et de racines et je ne me sens plus le pied sûr pour courir dessus. Et puis une tentative me persuade qu’au niveau cardio, cela n’amène pas grand chose. Cette marche va continuer quasiment jusqu’à la sortie des caillebotis au 27ème kilomètre. Je cours bien parfois sur quelques dizaines de mètres mais je ne recourrai véritablement qu’une fois descendu du dernier caillebotis de cette portion, une grande allée de plusieurs dizaines de mètres de long. Nous sommes à découvert depuis quelques instants déjà et il fait chaud. Mes pieds ne me font pas souffrir malgré deux nouvelles immersions, dans la tourbe cette fois-ci.
Je trottine donc sur un large chemin d’herbes, remontant quelques concurrents, la plupart marchant. Lorsque je le dépasse, un grand allemand m’emboîte le pas. On marche un moment dans un léger faux-plat mais, là encore, lorsque je veux repartir, il me fait signe de continuer sans lui. Je poursuis mon effort jusqu’au dernier ravitaillement. J’y retrouve deux femmes qui m’avaient distancé après le deuxième ravitaillement. On court ensemble dans la descente qui suit ce dernier ravitaillement mais le sol empierré est pénible et je les laisse à nouveau filer, courant à mon rythme.
Je les rejoins alors que nous suivons un ruisseau. Après le passage des coureurs, l’activité humaine reprend le dessus. Trois hommes et un tracteur s’attellent à extraire un grume de ce terrain peu praticable. Nous alternons roches et racines, l’odeur de l’écurie aidant, je m’enhardis à courir davantage, guidé par un couple qui vient de me dépasser et qui sont un peu plus agiles que moi.
Mais, rapidement, nous croisons des wagons de marcheurs en goguette, ne prêtant pas toujours attention à ces extra-terrestres qui déboulent, pas très vite cependant. Je me retrouve seul alors que le parcours revient sur Xhoffraix, un concurrent me double, s’étale devant moi en butant sur une racine mais il poursuit. Nous atteignons la route pour les dernières centaines de mètres, d’abord descendant avant de remonter pour l’arrivée sur le stade. On me félicite, j’en suis heureux.
J’ai fini mon premier trail de plus de trente kilomètres, j’ai franchi une marche de mon itinéraire de dilettante. Je suis fatigué, indéniablement, mais pas épuisé. J’aurais pu aller plus vite ? Sans doute, pas partout mais n’aurais-je pas trébuché, chuté ? Ne me serais-je pas mis dans le rouge au risque de rester au feu ? Je ne sais pas encore que j’ai mis 5h55 et je suis bien.
Sujet: Trail des Hautes Fagnes - 24 sept. 2011 - 38km 
Mer 28 Sep - 10:48
